Bonjour,
Ce sujet ne concerne pas directement VisuGPX mais j'ai regardé hier ce reportage Mortelle tempête dans les Alpes et je vous le partage car je pense qu'il apporte, malgré son issue tragique, un retour d'expérience très instructif sur l'importance de l'orientation, du choix des outils et des méthodes d'orientation en montagne, de la formation, etc. Il s'agit ici de haute montagne et de ski de randonnée (Chamonix-Zermatt). Les pratiquants de ce sport se retrouvent plutôt sur skitour. Cependant, je pense que l'expérience que l'on peut retirer de cette tragédie dépasse le ski de rando. Tous les pratiquants de disciplines susceptibles de nous mettre en danger météo, visibilité nulle; isolement sont concernés.
Nous avons déjà eu plusieurs échanges sur ce forum sur la pertinence des approches "classiques" (cartes, boussoles, plan de route) à l'heure des technologies modernes fondées sur le GPS (smartphone, montres GPS, appareils GPS dédiés). Sans vouloir relancer de polémiques, je pense que ce reportage apporte des éléments intéressants sur ce sujet.
Alors bien sûr, il soulève pléthore d'autres questions également très intéressantes, tant sur le plan technique (équipement et son utilisation) que psychologique (confiance dans le professionnel diplômé, dynamiques de groupe, comportement personnel dans le groupe, etc.) En regardant ce reportage, on a du mal à croire qu'un tel scénario catastrophe (l'un des pires accidents de ces dernières années dans les Alpes avec 7 morts dont le guide) ait pu se produire, même dans des conditions présentées comme extrêmes mais que je ne pense pas du tout être exceptionnelles (en tout cas ça n'est pas là qu'il faut trouver le problème racine). Et pourtant, il s'est produit.
Je parle pour moi et je ne donne de leçons à personne car des grosses bourdes, j'en ai fait aussi. Dont quelques-unes auraient pu très mal se terminer. Aussi, je pense que ce type de reportage peut nous amener à peaufiner notre propre manière de prendre des décisions, autant dans la préparation que dans l'exécution de randonnées en milieu "potentiellement hostile jusqu'à en être lethal".
PS: lors de nos éventuels échanges, gardons à l'esprit que 7 personnes sont décédées, 3 (+4) s'en sont sorties vivantes mais pas du tout indemnes psychologiquement et combien de familles meurtries à vie ? Focalisons-nous sur ce que nous pouvons en tirer comme retour d'expérience sans chercher à pointer des coupables. Chacun peut se faire son idée la-dessus mais il n'est pas sain d'en discuter en public, me semble-t-il.
Techniques l'orientation et aveuglement du guide. Il s'en prend plein la gueule, et si les faits sont tels que décrits, c'est justifié. Les guides ont l'obligation de moyens, de nos jours ça signifie à minima GPS avec l'itinéraire chargé lorsque la météo est annoncée tendue (et c'était le cas, même si c'est arrivé avec de l'avance).
J'ai fait un Cham Zermatt en 2003, ça nous avait déjà sauvé le raid.
Admin a dit :Les guides ont l'obligation de moyens, de nos jours ça signifie à minima GPS avec l'itinéraire chargé lorsque la météo est annoncée tendue (et c'était le cas, même si c'est arrivé avec de l'avance).
Oui, c'est certain que sur la base des témoignages (mais aussi quand même d'éléments objectif comme les bulletins météo, la trace gps d'un des survivants), il est difficile de ne pas mettre en cause le guide.
Moi ce que je trouve incroyable dans cette histoire, c'est que les 4 français se soient laissés embarquer alors qu'ils avaient carte et boussole. Au moment où ils sont pris dans la tempête, ils savent où ils sont. Si on a une boussole, ça devrait signifier qu'on sait s'en servir. On ne fait pas des arabesques pendant 6 heures sur un plateau avec une boussole. J'ai moi-même traversé un glacier (l'été), au dessus d'Evolène (tout près, dans le Valais aussi) dans un brouillard à couper au couteau (dans notre groupe de 4 ou 5 le dernier ne voyait pas le premier), on a trouvé notre chemin sans aucune hésitation. Certes, nous n'étions pas dans la tempête, mais savoir suivre un cap à la boussole c'est quand même la base.
Effectivement, en 2018, le minimum est d'avoir un gps avec la trace d'hiver chargée. Mais ils en avaient un dans le groupe. Il y avait donc dans ce groupe de 14 personnes un GPS + une carte+ une boussole, et ils ont erré plus de 6 heures sur un terrain relativement peu accidenté où ils ont perdu leurs forces. La dernière descente sur la cabane nécessitait d'avoir une trace précise et sur cette partie là la boussole et la carte n'était pas suffisante. Un altimètre aurait été utile (même si avec le passage d'un front la précision barométrique n'est pas idéale).
Pour moi, l'obligation de moyens ne peut pas se limiter aux instruments électroniques alimentés qui peuvent connaître des soucis (notamment un téléphone portable, comme j'ai pu m'en rendre compte lors d'une rando). Il les faut, bien entendu, mais ils doivent être doublés par une carte et boussole.
Merci pour le partage de ce documentaire, @Angstrom : 1) je ne connaissais pas l'histoire et 2) il est très bien réalisé.
Hélas, mes connaissances en matière de carte et boussole sont bien plus théoriques (voir ludiques sur le terrain) que pratiques pour me permettre de juger quoique ce soit : le seul point qui me "choque / heurte" est - effectivement - la question de comprendre comment un groupe de 14 personnes - bien expérimentées et avec leurs matériels (gps / téléphone satellitaire / carte + boussole) - ont pu s'épuiser sur un plateau si longtemps ? J'ai noté la remarque d'une des deux femmes françaises : "Peut-être vaut-il mieux se perdre à 14 ?" ... à méditer, non ?
Bon, encore les français ne s'en sortent pas trop mal en ayant recherché un "bivouac" plus à l'abri.